Poser la question de l’alternative

Publié le 22 mars 2004

Le premier message des élections régionales du 21 mars 2004, c’est : « Chirac, Raffarin, ça suffit ! ». Ce message est amplifié par une plus forte participation électorale que lors des dernières élections. Le score du FN est semblable à celui des régionales de 1998, ce qui est encore trop mais qui relativise le chantage permanent entretenu par le bloc des droites et par le bloc des gauches.

Comme en Espagne, le rejet populaire de la politique de casse sociale généralisée et de mise en liberté surveillée de la démocratie (lois Sarkozy, Perben) profite aux partis de la gauche gouvernementale qui, pourtant, avaient été lourdement désavoués le 21 avril 2002. Pour le bloc des gauches, il s’agit, certes, d’un succès électoral, mais pas d’un succès politique. Quant à la direction du PCF, elle a totalement rempli son rôle de rabatteur de voix pour le PS au point que ce dernier est en situation de lui ravir la présidence du Conseil général de Seine-Saint-Denis, en effet 5 des 9 sortants PCF sont devancés par… le PS.

Une question se pose : pourquoi les listes LO-LCR n’obtiennent-elles qu’un score équivalent à celui de 1998 ? Tout d’abord, si l’on considère que les élections dites « locales » ne sont pas favorables à l’extrême-gauche, le résultat est somme toute honorable en confirmant un vote de classe durable. Mais il est impossible de se satisfaire de cela. Il est urgent d’ouvrir un large débat sur les causes inhérentes aux choix politiques faits durant la campagne. D’une part, la direction du PT a appelé les travailleurs au splendide isolement au prétexte que ces élections n’étaient pas « républicaines ». D’autre part, les directions de LO et de la LCR ont limité leur campagne à un plan d’urgence au contenu absolument juste (interdiction des licenciements, faire payer les riches, etc.) tout en faisant l’impasse sur les moyens que la classe ouvrière devra mettre en œuvre pour y parvenir.

Il a manqué deux points importants dans cette campagne pour offrir un véritable débouché politique. D’une part, les forces communistes et révolutionnaires auraient dû interpeller les partis de gauche, essentiellement le PCF mais aussi le PS, pour se battre contre la politique de la droite. D’autre part, elles auraient dû appeler ouvertement à renverser le tandem Chirac-Raffarin en déclarant la classe ouvrière candidate à la direction du pays.

A rester dans une démarche strictement électorale, à donner l’impression de vouloir n’être que la gauche de la gauche gouvernementale, à ne pas poser la question de l’alternative anticapitaliste, à en rester au stade de la protestation : il n’y a rien d’étonnant à ce que l’électorat populaire se demande à quoi peut lui être utile d’émettre un vote de classe. Il n’y a rien d’étonnant non plus qu’une partie de cet électorat utilise un des bulletins de vote du bloc des gauches, sans se bercer d’illusions sur celui-ci, pour sanctionner la droite.

Il faut sortir de cette spirale de l’impuissance. Les résultats du 21 mars 2004 ne changent pas la donne de la lutte des classes en France. Il en sera de même pour le second tour, où les travailleurs ne peuvent voter pour aucune des listes en présence.

Pour sa part, la Nouvelle Gauche Communiste réitère ses positions. Face à la politique de la bourgeoisie dont le gouvernement sort affaibli de ces élections, la classe ouvrière ne peut pas attendre 2007. Plus que jamais, le seul objectif qui convienne à la situation n’est certainement pas un catalogue à la Prévert de revendications tous azimuts, mais bien l’engagement de la mise en chantier d’un parti de classe, un parti révolutionnaire des travailleurs, un Parti communiste. Plus que jamais, l’heure est à la fusion entre le vote de classe et le combat de classe afin de préparer, dès aujourd’hui, la riposte d’ensemble pour empêcher la mise à mort annoncée de la Sécurité sociale.

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